la France et le religeux, fin

Publié le par abou

La question qui se pose alors est d'où vient cette récalcitrance et ce scepticisme exacerbé vis à vis du religieux dans notre société?

Dans le cas français il pourrait s'expliquer assez facilement par le fait qu'il s'agit d'un Etat laïque depuis la loi de 1905 qui a consacré ce principe à savoir la séparation des églises et de l'Etat et  qui se traduit par le principe de non-ingérence réciproque entre ces deux entités.

L'Etat (le civil) ne doit donc plus s'immiscer dans le religieux et vice versa, voilà pourquoi on a désormais un mariage civil d'une part et un mariage  religieux de l'autre; idem pour le baptême qui ne suffit plus à officialiser la naissance d'un enfant qui doit être enregistré à l'état civil pour être reconnu.

Le concept de laïcité étant posé, je me pose tout de même la question de savoir pourquoi cette véhémence chez certains dans leurs commentaires sur les religions, je prend pour exemple les attaques envers le christianisme dans un premier temps qui a subi les foudres de

  • Voltaire:« Dieu a créé l’homme à son image, et l’homme le lui a bien rendu », ou encore : « Dieu est toujours pour les gros bataillons. »;
  • ou encore de Nietzsche dans l'Antéchrist : "le christianisme doit sa victoire à cette pitoyable flatterie de la vanité personnelle, par là il a attiré à lui tout ce qui est manqué, bassement révolté, tous ceux qui n'ont pas eu leur part, le rebut et l'écume de l'humanité."

Puis envers l'islam plus récemment avec

  •  les caricatures du Canard Enchaîné sur le prophète Muhammad (SAW),
  • les petites phrases de Houellebecq «"La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré!»; "L'islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition"
  • ou encore Robert Redeker: « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran » ; « Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran. »

Voltaire en son temps avait pour lui l'excuse de la toute puissance de l'église et son comportement était alors subversif et transgresseur pour ne pas dire blasphématoire. Ses contemporains disposent d'un bouclier beaucoup plus efficace que lui a conféré l'Etat, il s'agit de la "liberté d'expression" concept "droit de l'hommiste" qui autorise quiconque à devenir insultant vis à vis d'une communauté ou d'une religion sans pour autant avoir à en répondre.

Si je fais ce parallèle avec l'époque des Lumières c'est parce qu'en raison de la loi sur la laïcité, il est devenu loisible pour les philosophes, sociologues et autres libres penseurs d'injurier des croyances tout en étant présent sur les plateaux télé et les émissions de littérature de façon quasi institutionnelle, quand à l'époque de tels actes étaient passibles d'exil forcé ou d'exclusion sociale. Il ne s'agit pas là de glorifier un passé que je ne connais absolument pas mais simplement de montrer que nous sommes passés d'un extrême à l'autre.

C'est justement là que ce débat devient intéressant car c'est en partie dû au comportement de l'église à l'époque que s'opère aujourd'hui un tel retour de bâton. Si on se penche un peu sur le passé, on se rend vite compte que l'église a pendant longtemps contribué à construction historique de la France tout en piétinant au passage les "petites gens".

A l'époque du servage, le clergé ne faisait-il pas partie avec la noblesse des dominants; les paysans devaient acheter leur droit d'entrée au paradis auprès de l'église qui leur réclamait également un impôt pour son compte (la dîme servait à l'entretien des structures cléricales); c'est encore l'église qui couronnaient les rois et empereurs (qui oppressaient le peuple) de par son pouvoir "divin"; l'inquisition faisait office de police des moeurs et de la foi  même en dépit du bon sens j'en veut pour preuve le cas de Galilée.

En somme, nombre des maux de la population sont à mettre au crédit de l'église et le scepticisme que j'évoquai plus haut trouve ici selon moi son origine.

De fait dans un contexte de laïcité républicaine, tout événement religieux (comprenez  "fait divers") est vécu par la société comme une immixtion intolérable dans la vie civile. Il y a eu récemment une histoire à Vigneux dans l'Essonne ou une association voulait organiser un tournoi de basket exclusivement féminin et dont le profit (fait important mais pas assez relayé selon moi) devait profiter aux victimes palestiniennes.
Les médias et les politiciens sont alors montés aux créneau et dans l'émission "C dans L'air" de l'époque un homme dont je ne me souviens plus le nom a affirmé qu'il s'agissait d'une énième tentative par une mouvance musulmane de test des défenses de la république après le voile à l'école et le mariage vierge.

Au vu de tout cela, force et de constater qu'aujourd'hui, c'est l'islam en tant que religion "insoluble dans la démocratie" qui est la cible de toutes ces attaques  auxquelles vient s'ajouter celle de l'écrivain Tunisien Abdelwahab Meddeb qui parle lui de "malédiction de l'islam", qu'il faudrait purifier en euthanasiant ces branches les moins conventionnelles (je caricature), objectif qui justifierait soit dit en passant les tortures sur les suspects de terrorisme ou les bombardements des populations afghanes qu'il considère comme étant des dommages collatéraux

Selon moi, ce mépris du religieux a une conséquence facilement observable dans nos société, il s'agit d'un vide spirituel flagrant. Ce vide pousse certains rechercher le transcendant à travers diverses mouvances sectaires (raeliens, scientologues), d'autres accordent un crédit grandissant a la numérologie et à l'astrologie. Cette théorie expliquerait peut-être le nombre croissant de croyants chez les bouddhistes en France. Car il ne faudrait pas nier le message de paix et d'espoir qui est véhiculé par les différentes religions qui demeure universel ( et non pas galvaudé comme on pourrait le croire); message qui est repris sous différentes formes aujourd'hui et qui prouve que l'Homme aspire à un autre destin que celui de l'homo oeconomicus/citoyen d'aujourd'hui.



EDIT: Je ne pouvais pas être plus en phase avec l'actualité. Un fait divers juridique vient de corroborer mon analyse qui veut que tout événement religieux soit vécu comme une attaque envers les lois de la République.
On vient d'apprendre qu'un juge avait ajourné son jugement sous prétexte que l'un des prévenus jeûne en ce mois de ramadan. Les syndicats des avocats se sont insurgés contre cette décision et appellent au respect du principe de laïcité. Le juge en question réfute cette accusation et affirme que sa décision a été motivée "au vu des éléments du dossier".
Ce fait n'est qu'un fait divers (quiproquo entre un juge et des avocats) mais les médias se sont emparés de l'affaire en titrant sur les chaînes d'information en continue: "JUGEMENT REPORTE POUR CAUSE DE RAMADAN".
D’un point de vue factuel le spectateur pense légitimement que l'information est juste, mais là où je soupçonne un manque d'objectivité c'est que les médias ont sauté sur l'événement en adoptant immédiatement la thèse des avocats (d'où le titre) en accordant aucun crédit à la parole du juge et sans même prendre le temps d'évoquer les faits.


La seule conclusion que l'on peut en tirer est qu'un musulman devait passer en jugement mais qu'il y a "échappé" grâce au ramadan; ce qui n'est pas pour réconcilier les gens avec les valeurs religieuses et avec l'islam en particulier.

 

 

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